Article extrait de RFI
Ce week-end se tient à Dakar, au Sénégal, le 15e sommet de la Francophonie. Un rendez-vous crucial, puisqu'on devrait connaitre le successeur dAbdou Diouf, qui tire sa révérence après 12 ans passés à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Pour l'instant, aucun des cinq candidats ne fait consensus parmi les chefs d’État. Officiellement, la France n'a pas de candidat, mais Paris a bien évidemment son mot à dire compte tenu de son influence.
Par Pierre Pinto -
Première publication le 27/11/2014
Le socle de la Francophonie, c'est d’abord la langue française, où la France a évidemment une place centrale. Aujourd'hui, selon les chiffres de l'OIF, 274 millions de personnes dans le monde parlent le français. Près de 55% de ces locuteurs vivent en Afrique, 37% en Europe. L'OIF espère même qu'en 2050, le nombre de personnes parlant français atteindra 770 millions. L'enjeu, c'est donc de faire (ou de refaire) du français une langue de décision, et surtout une langue des affaires pour favoriser le commerce.
En allant plus loin, pourquoi ne pas imaginer un espace francophone, comme un marché commun, à l'image de ce qu'était la Communauté européenne à ses débuts ? Un marché commun qui bénéficierait d'une croissance actuellement à 7%. Rappelons que l'ensemble des pays qui constituent la Francophonie représentent 16% du produit intérieur brut mondial. Donc, doper les échanges entre pays francophones serait bénéfique à tous. Cela passe notamment par l'éducation, l'un des piliers de la Francophonie. L’idée d’un « Erasmus francophone », autrement dit un programme d'échange d'étudiants entre pays de l'espace, est souvent évoqué.
Un espace économique et un rôle politique
La Francophonie a actuellement un rôle politique, parce qu'elle intervient dans les crises. Le cap donné par Abdou Diouf se concentrait sur les missions de consolidation de la paix et la promotion de la démocratie. La Francophonie envoie des observateurs pour scruter les élections. Elle envoie aussi des médiateurs dans les crises politiques, comme on l'a vu récemment au Burkina Faso. Et puis l'OIF passe aussi des messages : à la suite de la crise burkinabè, Abdou Diouf a lancé un appel aux chefs d’État d'Afrique pour qu'ils se contentent de deux mandats.
Alors, la Francophonie est-elle aussi un relais de la diplomatie française ? Les messages politiques véhiculés sont souvent les mêmes, et la France reste le premier contributeur de l'OIF. Sur un budget total de 85 millions d'euros par an, la France contribue a hauteur de 26 millions, juste devant le Canada, ce qui lui confère une certaine influence. Rappelons aussi que jusqu’à maintenant, aucun candidat au poste de secrétaire général de l'OIF n'est arrivé à ce poste sans l'assentiment de Paris.
Quand le Burkina Faso commençait à gronder contre les projets de Blaise Compaoré de se maintenir au pouvoir, la France a proposé au président la direction de l'OIF comme sortie honorable. Aujourd’hui, l’Élysée jure ne pas avoir de candidat. On verra dans les prochains jours si François Hollande marque réellement une rupture avec les anciennes habitudes qui consistaient à pousser un candidat.
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