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lunes, 14 de marzo de 2016

La Francophonie a 40 ans, l'âge de la maturité ?

Article extrait de RFI

« Les pays ayant le français en partage », selon l'expression consacrée depuis 1970, se réunissent en sommet comme tous les deux ans. Cette année, les délégués des 70 pays appartenant à l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), se retrouvent à Montreux en Suisse, luxueuse station balnéaire au bord du Lac Léman du vendredi 22 au dimanche 24 octobre 2010. Un décor de rêve pour une organisation qui célèbre ses 40 années d'existence et présente un bilan honorable mais mitigé.
Par RFI -
De notre envoyé spécial à MontreuxBruno Daroux
40 ans après sa création, la francophonie ne se porte pas trop mal, même si elle souffre encore d'un manque de visibilité, de dynamisme et d'impulsion politique au sommet de l'OIF, notamment de la part de ses deux membres les plus importants, la France et le Canada. Certains chiffres sont néanmoins flatteurs pour la place de la langue française dans le monde. Selon le dernier rapport de l'OIF, il y aurait en 2010 quelque 220 millions de locuteurs francophones dans le monde, dont près de la moitié en Afrique.
70 pays composent aujourd'hui l'OIF - 54 membres et 16 observateurs -, ce qui en fait un groupe de pression important au sein des instances internationales, notamment aux Nations unies, où les états membres de l'OIF représentent désormais un tiers du total de l'ONU. Le français est en 2010 la 9ème langue la plus parlée dans le monde, et l'une des deux langues - avec l'anglais tout de même ! -, à être parlée sur les 5 continents.
La mission originelle de l'OIF est de défendre et de promouvoir l'usage de la langue de Molière, et cela dans un environnement de plus en plus concurrentiel : concurrence de l'anglais bien sûr, mais aussi de l'espagnol, et, au cœur du bastion francophone, l'Afrique de l'Ouest, concurrence de plus en plus vive de langues africaines communes à toute une population.
Est-ce qu'aujourd'hui, la francophonie doit se battre pour le français et contre l'anglais afin de ne pas disparaître - s'affirmer dans un combat sans compromis ? Certains francophones le pensent, comme les Québécois. Mais d'autres, de plus en plus nombreux, estiment que l'heure est venue d'une cohabitation sereine entre les deux langues. Et qu'il ne sert à rien de nier le rôle de langage universel joué par l'anglais.
« Le français d'abord, l'anglais ensuite »
Pour le Ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, présent à Montreux, « il faut que les francophones s'ouvrent à l'anglais et apprennent aussi cette langue. Ce n'est pas du tout un signe de découragement, c'est prendre sa place dans un bilinguisme international, qui sera forcément français et anglais. A Montreux, je veux dire aussi qu'il faut se battre pour le français en tant que langue, mais également en tant que pensée française, par exemple sur des sujets comme l'égalité hommes-femmes, ou la démocratie. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas apprendre l'anglais. Le monde évolue comme ça. Si on veut se couper du monde, il faut ne parler que le français. Donc, ce que je dis, c'est qu'il faut parler français et anglais. Le français d'abord, l'anglais ensuite ».
Il y a même, au sein de l'OIF, certains États qui font passer l'anglais avant le français - le Canada bien sûr, mais aussi depuis peu le Rwanda, ou qui marient les deux, comme les Seychelles ou l'île Maurice. Pour des raisons historiques, géographiques et démographiques.
Le Rwanda a ainsi décidé récemment que c'est l'anglais qui serait enseigné comme première langue étrangère obligatoire dès l'école primaire, le français étant relégué au rang de deuxième langue étrangère - obligatoire tout de même -, dans l'enseignement secondaire. Pas de quoi s'affoler, selon le ministre rwandais de l’Éducation, Charles Murigandé : il s'agit simplement de prendre en compte « la position géographique du Rwanda, qui se trouve dans une position charnière entre le monde francophone et le monde anglophone, et nous sommes décidés à servir de charnière à ces deux mondes. Il n'est pas question d'abandonner une langue au profit de l'autre ».
Face à ces évolutions inévitables, la francophonie s'est adaptée et a mis en place des institutions spécifiques qui dépendent de l'OIF, comme par exemple l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), qui promeut l'usage du français dans plus de 700 universités situées dans des pays totalement ou partiellement francophones.
« Cette expérience montre que le français reste très attractif, explique le recteur de l'AUF, Bernard Cerquiglini. Il y a aujourd'hui 759 Universités qui considèrent que le français est une langue adaptée à l'enseignement supérieur. Et cela dans des pays évidemment francophones, mais aussi à Lima au Pérou, à Téhéran, ou encore à New Dehli. C'est donc que ces universités ont un intérêt pour le français, qui reste une langue de savoir, de transmission - une langue de désir international ».
Améliorer la gouvernance mondiale
Au delà de cette défense compliquée du français dans un monde à la fois dominé par l'anglais et en même temps plurilingue, la francophonie souhaite développer deux autres missions : d'abord la défense de la diversité culturelle dans le monde, et aussi, et de plus en plus, une vocation plus politique autour de la défense des valeurs de paix et de démocratie. Pour Hugo Sada, en charge de ces deux dossiers au sein de l'OIF, « c'est là que réside l'avenir de la francophonie. La diversité culturelle et linguistique est devenue un enjeu majeur, et même un enjeu politique, puisque ça touche aux problèmes d'identité, ça touche au dialogue des cultures et des civilisations. Quant à l'axe de la démocratie, des droits de l'homme et de la paix, il s'affirme comme l'autre axe grandissant de la Francophonie ».
Les débats débutent ce samedi à Montreux, et les 70 délégations - dont une trentaine de chefs d’État ou de gouvernement - vont travailler sur plusieurs résolutions, publiées à la fin du sommet. Ce 13esommet s'intéressera à la situation en Guinée, au problème de la piraterie maritime et au trafic de faux médicaments. Enfin, à trois semaines du sommet du G20 à Séoul, qui marquera le début de la présidence française de cet organisme, la francophonie publiera également un texte sur les moyens d'améliorer la gouvernance mondiale.

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